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Avec SlowHeat vous faites venir des trucs du bout du monde …

Avec SlowHeat on fait venir des trucs du bout du monde ? Oui. On engendre des nouveaux achats de vêtements en fibre synthétiques venues elles aussi de loin ? Probablement. Et la liste est encore longue quand on analyse les choses plus finement (ce que l’on fait du mieux possible).


Alors qu’en penser ? Le slowheating serait une pratique toute aussi néfaste que le chauffage central ? Ou alors une pratique plus verte que verte ?


"On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, c’est vrai, mais si ça permet d’éviter de manger un pavé de steak argentin de 300gr, ça n’en reste pas moins une bonne idée…"

C’est un peu comme cela qu’on pourrait résumer le sujet, mais rassurez-vous, on ne va pas se contenter d’une belle métaphore. On a sorti nos calculettes pour tenter de se donner les moyens de comprendre les valeurs et les ordres de grandeurs en jeu et se faire une bonne idée de la réalité. On ne va pas faire ici une analyse environnementale complète, mais une estimation des ordres de grandeur des masses déplacées pour se chauffer.

Sans SlowHeat quel est le charroi de référence que l’on génère ?

Selon energuide.be (avec les chiffres de Brugel), un ménage belge moyen consomme ±12.500kWh par an pour se chauffer, ça c’est de l’énergie. L’énergie n’existe pas dans la nature sous une forme « pure ». Parlant du chauffage, en Belgique, c’est principalement l’énergie chimique contenue dans le mazout et le gaz que l’on va utiliser.


Pour avoir ces milliers de kWh chez nous il faut donc importer de la matière. On l’oublie souvent mais se chauffer ce n’est pas juste bruler de l’énergie et générer de la pollution… c’est aussi un énorme transport de matière lourde et encombrante à travers le monde : ±30%* du trafic maritime (celui qu’on critique car il pollue) sert à transporter de l’énergie, dont celle pour le chauffage. *Wikipédia laisse penser à 35% mais inclus les huiles végétales, Quartz annonce 40% mais inclus les dérivés du pétrole sans précisions. Tandis que l’UNCTAD dans son dernier rapport avance 16,8% uniquement pour le pétrole, 11,8% pour les autres tankers (pétrole raffiné, gaz et des produits chimiques) auquel il faut encore ajouter le charbon. La valeur exacte est donc difficile à trouver mais, en tous cas, comprise entre 20 et 40%.


12.500kWh sur votre facture, cela représente 1,25m³ de Mazout (1 Tonne) ou 1250m³ de gaz naturel qui viennent de loin, très loin. Aujourd’hui, le gaz arrive de plus en plus par bateau comprimé sous forme de GNL (Gaz naturel liquéfié), car si on devait transporter 1250m³ (l’équivalent d’une demi-piscine olympique) pour chaque ménage, on ne s’en sortirait pas sans gazoducs. Les 1250m³ de gaz, une fois liquéfiés par refroidissement à -161°C (ce qui consomme beaucoup d’énergie), voient leur volume divisé par 600 soit 2,1m³ de GNL pour un poids total de quasiment 1 Tonne.


On peut donc retenir grosso modo que chaque ménage importe annuellement l’équivalent en masse de 2 palettes bien remplies de 500kg chacune pour se chauffer. Sur 20 ans, un ménage aura importé ±20Tonnes de combustible du bout du monde pour un volume équivalent à environ 40 bonnes grosses palettes de GNL, un peu moins si c’est du mazout (bien que celui-ci aura probablement été transporté plus d’une fois, notamment pour son raffinage. C’est loin d’être négligeable et c’est loin d’être tenable dans un monde aux ressources limitées.


Poursuivons avec le système de chauffage central : un petit système simplifié composé de 5 radiateurs et une chaudière récente sera composé de plus de 150kg de métal (20kg par radiateur, 50kg pour la chaudière, sans compter la tuyauterie dont la nature varie). Autant de matière qui, elle aussi, doit être transporté depuis des aciéries souvent lointaines. Sans parler de l’impact environnemental de leur production. Et tout cela est bien souvent invisibilisé, oublié, tellement c’est courant.


Que peut-on économiser grâce au slowheating ?

Dans une construction neuve ou une rénovation, si le SlowHeating permet une réduction de 10-15% de la puissance (et donc du dimensionnement du système) alors, en s’autorisant un petit raccourci, il permet de placer des systèmes avec 20kg de métal en moins (des radiateurs 20% plus petits par exemple). La durée de vie d’un système de chauffage étant de 20 ans (hypothèse) cela fait environ 1kg de métal économisé par an. Avec une moindre utilisation et donc une moindre usure du système, d’autres économies sont également à la clé: moins de pannes, de pièce à remplacer, plus de chance de la tenir de longues années avant de devoir la remplacer par un système plus performant…


En outre, si le SlowHeating permet une réduction de la consommation d’énergie de 30% (ce qui est pessimiste, car on mesure plutôt 40-50% dans le projet), alors il permet d’éviter d’importer 300kg de carburant fossile, et ce, chaque année ! Soit 6 Tonnes de charroi sur une période de 20 ans. C’est loin d’être négligeable, et sensiblement plus que l’économie en métal potentielle sur les équipements de chauffage.


Que va-t-on au contraire demander de nouveau pour mettre en place le slowheating ?

Imaginons qu’en se lançant dans la pratique, on va acheter 4 bons gros pulls (ou des vêtements équivalents) en fibres synthétiques tous les 2 ans mais aussi un radiant et 2 capes chauffantes (en fibres synthétiques) tous les 10ans (durée de vie avant remplacement conseillée) !


Pour fabriquer 4 pulls et le textile des capes, il faut moins de 10kg de pétrole* (1,5kg par pull et 2kg par cape). Evidement on ne tient pas compte de la consommation de la machine à coudre, mais rappelez-vous qu’on n’a pas compté non plus le cout énergétique de la liquéfaction à -161°C du gaz (ou sa conservation à cette température durant tout le voyage) ainsi que toutes les installations qui vont autour. Résultat sur 20ans : 80kg de pétrole pour les vêtements et 8kg de pétrole pour les capes. Total : 88kg. Toujours peanuts à côté des 6 Tonnes.

* D'après le WWF, il faut environ 1,5 kg de pétrole pour produire 1 kg de polyester, on considère ici qu’un pull contient 1kg de polyester (en réalité on sera entre 0,2 et 1kg) tandis qu’on fait l’hypothèse qu’une cape en contient 1,3kg.


Pour le radiant (4kg) et les résistances (2x1kg) contenues dans les capes chauffantes, comptez environ 6kg de métal tous les dix ans, soit 12kg sur 20 ans. Bref, même conclusion, c’est très peu.


Bilan sur 20 ans

A cause de SlowHeat, on aura importé 12kg de métal et 88kg de pétrole pour nos pulls et autres équipements, il est vrai... Déjà, cela pourra/sera facilement compensé en se séparant d’un radiateur que l’on met au recyclage (-20kg) et/ou en optant pour un système plus léger à l’avenir (-20kg) et/ou en ménageant son système actuel. De ce fait, l'utilisation de métal est plus que compensée. Mais surtout, grâce à ces quelques 100kg d’imports sur 20 ans, on pourra réduire le poids de nos imports de 6T sur la même période, soit pratiquement 1kg par jour ! Autrement dit, un facteur 60 entre l'investissement et le gain !


"Oui mais l'électricité consommée par la cape chauffante, c'est aussi du gaz qui la produit !"

Les équipements qui consomment de l'énergie comme les capes et radiants ne sont pas toujours nécessaires dans la pratique du slowheating et leur utilisation varie beaucoup.

Mais pas de soucis, ajoutons la consommation de deux capes 8h par jour pendant 180 jours par an (ce qui est très largement au-delà d'une utilisation normale). Dans cet exemple cela conduit à une consommation électrique sur 20 ans d'environ 2000kWh (<5% de la consommation électrique moyenne d'un ménage)... si cette énergie est produite par un générateur diesel avec un rendement de 40%, alors il faut 500l de diesel pour tenir les 20 ans.


Cela signifie que si ces capes sont surutilisées (+500kg de diesel) et que vous ne baissez la température que de 1°C soit -7% de consommation (-1400kg d’import de GNL ou de mazout sur 20 ans), cela resterait largement une bonne opération. Alors imaginez si comme certains d'entre nous vous baissiez votre consommation de 50% !...


Avant de conclure, il convient de noter que cet exercice de comparaison entre SlowHeat et un système de chauffage classique ne cible que les flux les plus importants, sans être exhaustif. En effet, d'autres matériaux et ressources entrent en jeu dans la production et l'installation des systèmes, ainsi que dans leur fonctionnement quotidien. De plus, la simple comparaison de masses déplacées ne permet pas de ramener cela à des impacts environnementaux concrets. Malgré ces limites, l'écart entre les gains et les pertes mesurés dans cet exercice permet d’avoir toute confiance sur l'avantage environnemental du slowheating.


Conclusion : s’il est important de ne pas nier la problématique présente sur les métaux, les textiles et l'électricité, il est tout aussi important de (re)rendre visible ce que cela évite et se faisant de comprendre la démesure de la pratique actuelle qui, avouons-le, fait relativiser l’impact des quelques petites aides électriques que l’on peut s’octroyer par faciliter la baisse des températures.

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