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Chaud "à l'ancienne": (3/6): L'isolation locale

Un article du low-tech magazine partagé sur la plateforme SlowHeat avec l'autorisation de son auteur Kris De Decker. Traduit par: Benoît Bride


NDLR: L'article est truffé d'exemple historiques. Notons que s'il fait l'éloge d'une conception du chauffage "à l'ancienne", car elle est plus profitable et performante, il ne souhaite pas pour autant revenir à l'époque du feu ouvert et des charbons ardents. Notre savoir faire et nos connaissances peuvent nous permettre d'allier ces concepts à de l'innovation désirable. N'oublions jamais que de toute l'histoire de l'Homme, à quelques exceptions, il n'y a que nos générations qui ont imaginé maintenir un climat de 22°C en plein hiver dans tous les espaces construits. Si on se scandalise avec raison des stades climatisés du Qatar peut-être est-il temps que nos sociétés fassent également leur introspection.

L’isolation locale

Un des problèmes de l’hétérogénéité du climat intérieur au temps jadis était le côté asymétrique du rayonnement, c’est à dire la différence de température entre les différents côtés du corps. Une personne assise en face d’un feu recevra assez de chaleur rayonnée sur un côté de son corps, alors que son autre côté perdra de la chaleur en raison du contact avec l’air et de la présence de surfaces froides de l’autre côté de la pièce. Le bilan thermique peut être équilibré, les pertes d’un côté étant égales aux gains de l’autre côté, mais si la différence de température est trop forte, le confort thermique n’est pas assuré.


Bien que l’asymétrie radiative puisse aussi se rencontrer dans un système de chauffage de l’air, on s’attend à la retrouver plus systématiquement dans les pièces chauffées par un système radiatif. Autrefois, cette différence de température était amplifiée par le fait que les murs des bâtiments n’étaient pas isolés. Les courants d’air étaient également une source d’inconfort local, car les vieux bâtiments étaient tout sauf étanches à l’air.

Pour créer un microclimat confortable sans asymétrie radiative et sans courants d’air, nos aïeuls ajoutaient au chauffage local une isolation locale.

Chaises hotte du 19ème siècle. Sources: Period Oak Antiques (à gauche) and Polyvore (à droite).

Par exemple ils utilisaient des chaises à hotte. Ces chaises, qui pouvaient s’intégrer dans un demi caisson de bois ou être couvertes ce cuir ou de tissus, exposaient intégralement son utilisateur à la source de chaleur rayonnante, et dans le même temps elles protégeaient son dos des courants d’air et des pertes liées aux surfaces froides environnantes.

La forme de ce mobilier était également étudiée pour qu’une fraction plus importante de la chaleur rayonnée par le feu soit utilisée efficacement : la chaise était chauffée par le feu via la radiation et cette chaleur était ensuite transférée à la personne assise. Une étude récente a montré qu’un telle chaise avait une isolation équivalente à 0,4 Clo (unité d’isolation des vêtements, ce qui correspond à l’isolation procurée par un gros pullover.



Un écran pliable pour un usage d’hiver. Source : Alain Truong.

L’écran pliable, utilisé seul ou en complément de la chaise hotte, constituait une seconde solution d’isolation. Utilisé comme mobilier d’hiver, il était isolé à l’aide de tissus épais ou par des panneaux en bois. Il pouvait entre autres être positionné derrière une chaise hotte, ou derrière une table. A l’instar de la chaise hotte, l’écran pliant protégeait le dos des personnes des éventuels courants d’air et des températures froides, créant ainsi un microclimat confortable.




En haut: un banc près d’un feu . (Source: The English Fireplace). En bas: un lit à baldaquin (Source: Wikipedia Commons).


Les zones de confort à l’intérieur des cheminées constituent un troisième exemple d’isolation locale. Elles pouvaient être constituées de bancs placés entre le feu et les parois de la cheminée, ou alors être maçonnées en alcôves permettant aux personnes de s’asseoir. Dans les deux cas, la personne s’appuyait sur un mur qui avait été chauffé par le feu et qui le protégeait des courant d’air. La cheminée pouvait parfois être placée dans une pièce à l’intérieur de la pièce. Dans la chambre en général non chauffée, un élément du mobilier permettait lui aussi de créer un microclimat: le lit à baldaquin, qui était composé d’une voûte et de rideaux épais. Lorsque les rideaux du lit étaient fermés, les courants d’air ne passaient plus et la chaleur du corps était piégée à l’intérieur.


Sources :

  • Stralingsverwarming: Gezonde Warmte met Minder Energie, Kris De Decker, 2015

  • Keeping Warm in a Cooler House. Creating Comfort with Background Heating and Local Supplementary Warmth (PDF). Historical Scotland Technical Paper 14, Michael Humphreys, Historic Scotland, 2011

  • Radiant Heating and Cooling Handbook (Mcgraw-Hill Handbooks), Richard Watson, 2008

  • Human Thermal Environments: The Effects of Hot, Moderate, and Cold Environments on Human Health, Comfort, and Performance, Third Edition, Ken Parsons, 2014

  • The Book of Masonry Stoves: Rediscovering an Old Way of Warming, David Lyle, 1984

  • History of radiant heating and cooling systems, part one. Robert Bean, Bjarne W. Olesen, Kwang Woo Kim, in “ASHRAE Journal”, January 2010, pp. 40-47

  • Adaptive Thermal Comfort: Principles and Practice, Fergus Nicol, Michael Humphreys & Susan Roaf, 2012

  • Dictionnaire de l’Ameublement et de la Décoration depuis le XIII siècle, Henry Havard, 1887-1890.

  • Foot warmers: hot coals, hot water. Home Things Past.

  • Bed warmers. Old & Interesting.

  • Muff warmers & other antique hand warmers. Home Things Past.

  • Körperwärmespender. Website.


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