Ce 6 décembre 2022, le Shift Project a publié un nouveau rapport concernant les risques pour l’approvisionnement en gaz de l’Union européenne. Le rapport est disponible en cliquant ICI.
En résumé en 10 points clés:
L'UE est très dépendante de l'approvisionnement en gaz naturel de la Russie, et un arrêt durable de ces approvisionnements pourrait entraîner une forte proportion de besoins non couverts dans les années à venir. (40% de la demande non couverte en 2025, en cas d'interruption des approvisionnements russes)
La situation début décembre 2022 fait nettement pencher la balance du côté de l'hypothèse de la non-livraison au cours des prochaines années d'une portion substantielle des volumes contractés entre la Russie et l'UE.
Cette observation débouche sur la deuxième zone incertitude : l'ampleur des destructions de demande en gaz naturel - subies ou délibérées - au sein des économies européennes.
Une large part du modèle industriel et économique de l'UE a reposé jusqu'ici sur les vastes capacités russes d'exportation de gaz naturel, et sur la modicité du prix de celui-ci. Ce modèle s'est effondré lors de l'invasion de l'Ukraine en février 2022, peut-être de manière irrémédiable.
La croissance de la demande de gaz en Asie, combinée à la lenteur de la transition énergétique de l'UE vers des sources d'énergie propres, pourrait entraîner une forte concurrence d'approvisionnement sur le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL) entre l'Europe et l'Asie, ainsi qu'entre les différents pays importateurs.
Il existe un risque de déficit structurel sur le marché mondial du GNL à l'horizon 2025.
Il y a également une incertitude sur l'ampleur des destructions de demande en gaz naturel en Europe, qui dépendra de l'évolution des prix du gaz et de la capacité des différentes industries à s'adapter à cette situation.
L'évolution des prix du gaz sera à cet égard entre autres un paramètre décisif mais hautement incertain. Compte tenu des tendances présentes sur les contrats à terme, Rystad Energy, comme d'autres sources de référence, table sur des prix en Europe de l'Ouest se maintenant aux niveaux hors norme actuels jusqu'en 2024, avant un reflux partiel vers 2025.
Au-delà de cette date, ces hypothèses de prix intègrent une perpétuation, sur les contrats à long terme, du fort désavantage que constituent les prix du gaz en Europe vis-à-vis des Etats-Unis. L'évolution des prix sur les contrats spot et court terme, erratique par essence, promet d'être tributaire de l'ampleur de la part non couvertes par des contrats à long terme des demandes ouest-européennes et asiatiques, et des solvabilités absolues et relatives de ces dernières.
Les tensions et les incertitudes dans les approvisionnements en énergie pourraient avoir des conséquences géostratégiques importantes pour les pays importateurs d'énergie, et il est essentiel de planifier un effort de paix pour réussir la décarbonation.
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