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Tarif Variable... comment ça fonctionne ?

Si tout le monde voit à peu près comment fonctionne un contrat d'énergie avec un tarif fixe, les choses se corsent lorsque l'on aborde la tarification variable.


Intro

En aout 2021, 35% des ménages belges avaient un contrat variable pour l'électricité. Pour les contrats gaz, le pourcentage monte à 45% ! (CREG, 2021)


Si la presse fait planner l'ombre d'une fin pure et simple des contrats fixes, certains fournisseurs ont d'ores et déjà forcé le renouvellement des contrats fixes arrivés à échéance par des contrats variables.

Tout porte donc à croire que la majorité des Belges a, ou aura prochainement, un contrat variable pour ses énergies. Mais comment ces contrats fonctionnent-ils ?


Ce prix variable, il varie... mais au final on paie quoi? sur quoi est-il basé?

Dans un contrat variable on trouvera ce genre d'information dans les petites lignes... voyons ensemble l'exemple d'un contrat chez "Le fournisseur A" !


"Le prix du gaz naturel variable est indexé trimestriellement sur la moyenne arithmétique en €/MWh des prix de référence en fin de journée ("end of the day') des contrats "quarter" (contrats de livraison de gaz naturel sur la place de marché néerlandais TTF pour livraison les mois suivants) tels que publiés sur le site internet de Powernext. La formule tarifaire pour le gaz est la suivante (HTVA): TTF103(endex) x 1,05 + 0,65c€/KWh"


Bon, décortiquons tous cela...

Exemple: Si le TTF103 est à 100€/MWh, alors le prix de la composante énergie de votre facture pour ce trimestre-là sera donc de 100* 1,05 + 6,5€/MWh soit 111,5€/MWh soit 11,15 centimes du KWh.


Notons que les autres fournisseurs ont des mécaniques similaires. La pondération (le fois "1,05" et le + 0,65c€/KWh) pouvant éventuellement varier.

Eg. : chez "le fournisseur B" c'est fois "1" mais + 0,95c€/KWh...


==> Sur une année on aura donc 4 trimestres avec 4 prix de l'énergie différents.


Maintenant, imaginons que :

  • L'hiver, les Q4 (octobre à décembre) et Q1 (janvier à mars), les prix soient à 11,5 centimes du KWh

  • Tandis que l'été, les Q2 (avril à juin) et Q3 (juillet à septembre), les prix soient à 5 centimes du KWh...

Comment cela se passe ensuite ? on fait une moyenne pour l'année ? J'ai intérêt à consommer moins en hiver et plus en été ?


Avec un relevé annuel, comment cela fonctionne ?


Lorsque le fournisseur apprend que j'ai consommé 10.000 KWh de gaz sur l'année comment fait il pour savoir ce que j'ai consommé chaque trimestre?


En l'absence de compteurs intelligents capables de relever la consommation tous les 1/4 d'heures, toutes les heures ou même tous les trimestres, les fournisseurs d'énergie sont incapables de le savoir.


...Et donc?


Si le fournisseur coupe la consommation en 4 x 2500KWh il se retrouve à facturer autant sur les prix tendanciellement plus élevés de l'hiver que sur les mois généralement moins chers de l'été.


==> On arriverait à:

Q1: 11,5c€ x 2500 = 287,5€

Q2: 5c€ x 2500 = 125€

Q3: 5c€ x 2500 = 125€

Q4: 11,5c€ x 2500 = 287,5 €

TOTAL= 825€ pour l'année


Sauf que le fournisseur sait qu'en général un ménage aura eu une consommation principalement concentrée sur l'hiver (Q4 et Q1) à cause du chauffage.

Si on se permet un raccourci et une simplification de la réalité*, le fournisseur qui a distribué beaucoup de gaz en hiver alors qu'il coutait cher ne s'y retrouve pas en répartissant la consommation de façon égale sur les trimestres.


*notamment car il achète une partie du gaz à l'avance, mais pas que... c'est assez complexe. Un article dédié sera rédigé.


C'est pour cela que de façon unilatérale et sans tenir compte de votre façon de consommer de l'énergie, de votre éventuelle absence durant l'hiver, de vos efforts pour consommer moins quand les prix étaient élevés et autres spécificités qui vous sont propres, il va ventiler, distribuer vos consommations sur l'année, heure par heure selon la courbe Synthetic Load Profiles (SLP).


Pour l'électricité cette courbe est relativement plate, et ne considère qu'un léger surplus en hiver pour l'éclairage qui s'allume plus tôt. Globalement elle considère ±45% de la consommation au Q2 et Q3 (été) et ±55% pour l'hiver.


Pour ce qui est du gaz, la courbe de répartition des consommations est beaucoup plus déformante. En effet, si l'on regarde la courbe de 2021:

  • 47% de la consommation est considéré s'être déroulée au Q1

  • 12% au Q2

  • 5% au Q3

  • 36% au Q4

Voyez plus en détail la courbe pour 2021. La répartition étant heure par heure, on a des consommations qui varient beaucoup sur le même jour et créent cette épaisseur dans le graphique en noir. La moyenne journalière est tracée en jaune pour plus de lisibilité. La valeur de l'axe vertical indique le pourcentage de la consommation annuelle à attribuer à chaque heure de l'année (cliquez sur l'image pour agrandir).

Grâce à cette courbe magique et en reprenant les données précédentes, le fournisseur va vous facturer:

Q1: 11,5c€ x 4700KWh = 540,5€

Q2: 5c€ x 1200KWh = 60€

Q3: 5c€ x 500KWh = 25€

Q4: 11,5c€ x 3600KWh = 414 €

TOTAL= 1039€ au lieu de 825€ pour l'année.


Soit un prix moyen pour la composante énergie de 10,39 centimes au lieu des 8,25 centimes dans notre exemple avec une répartition linéaire. (+26%). Vachement plus proche des prix de l'hiver que de ceux de l'été donc... Ce mécanisme est par-contre "tout bénef'" pour le client quand les prix de l'énergie sont au plus bas durant l'hiver. (ce qui n'est tendanciellement pas le cas).


Voilà qui, on l'espère, devrait vous aider à y voir plus clair !


En SlowHeat là-dedans?

Si ce mécanisme a sa raison d'être et que sa connaissance permet de mieux comprendre et maitriser le système "énergie" qui nous entoure, il pose néanmoins une série de questions...

  1. L'énergie consommée étant répartie par période selon une pondération indépendante de MA réalité, à la fin du compte cela revient à un prix fixe qu'on découvrira en fin de parcours et qui sera grosso-modo la moyenne des prix du Q1 et du Q4. Cette absence de lien entre cette courbe théorique et la réalité de ma consommation n'incite-t-elle pas à se désintéresser de l'idée de réduire sa consommation les heures, jours et semaines où les prix sont élevés ? (Prix élevés qui traduisent des tensions, des manques, pour lesquels ils serait bon de jouer un rôle du côté de la demande)

  2. N'aurait-t-on pas intérêt à permettre aux habitants de gérer leur consommation en fonction des prix du jour? Mais pour que cela devienne une réalité il faut qu'ils soient outillés et qu'ils en tirent les bénéfices, eux aussi.

  3. Dans une pratique SlowHeat certains tendent vers une répartition des consommations beaucoup plus équitable sur l'année (car la "bosse" du chauffage hivernale est coupée en 3,5 ,10 !) mais tous ces efforts qui bénéficient aux fournisseurs ne seront pas traduits dans la facturation car leur consommation sera in fine concentrée sur le Q1 et le Q4 dans le calcul. Faut-il continuer d'agir comme si tous les ménages, peu importe leurs compositions, leurs pratiques et la qualité du logement qu'ils habitent répondaient à la même courbe de répartition ?

  4. Ne pourrait-on pas, à minima, établir un système de relevé de compteurs intermédiaire, trimestriellement par exemple? Ainsi, nous pourrions répartir les consommations d'une façon plus proche de la réalité ? Au-delà du rôle pédagogique qu'un relevé plus régulier permet, il en va d'une certaine justice, non ?

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