Il s'agit d’une expérience visant à mesure l’impact sur le confort et les consommations d’énergie de modification des « usages thermiques ». Elle s’est déroulée pendant l’hiver 2022 sur le site de Saint-Gilles de la Faculté d’Architecture, d’Ingénierie Architecturale, d’Urbanisme (LOCI) de l’UCLouvain.
Quel était l'objectif?
Démontrer qu’il est possible de maintenir la satisfaction des occupants tout en réalisant d’importantes économies d’énergie, grâce à une réflexion sur les conditions d’ambiance offertes par le bâtiment
En démarrant, nous envisagions de travailler sur trois axes :
Un arrêt du chauffage dans les lieux de passage : couloirs, halls, renfoncements, … : cela renforcera le contraste entre ces espaces de passage et les lieux de travail ou d’enseignement, destinés à une occupation plus longue.
Un basculement du système de chauffage de certains locaux peu utilisés : matériauthèque, local d’impression, bureaux au 4eme étage du bâtiment arrière : ces locaux ne sont utilisés que très ponctuellement, mais maintenus en température en permanence. Nous proposerons pour ces lieux des systèmes de chauffage alternatifs basés sur un apport de chaleur directement sur la personne (radiants), avec une gestion fine dans le temps.
Un renforcement du rôle de la palmeraie comme espace tampon : ce volume couvert est un espace intermédiaire entre l’intérieur et l’extérieur. Dans quelle mesure peut-on, grâce à lui, arrêter de chauffer les locaux qui le bordent ? Typiquement, les ateliers d’architecture sont actuellement équipés de radiateurs sur leurs façades extérieures comme sur leur façade côté patio. Peut-on déconnecter tout ou partie de ces derniers ? Cela génère-t-il des variations de températures entre côtés de l’ateliers ? Et si oui, ces variations permettent-elles à chacun de trouver son bonheur thermique ?
En pratique...
L’expérience a été divisée en 4 périodes :
Une de référence pour comparaison,
une avec fermeture des émetteurs thermiques dans les espaces de circulation,
une avec appel aux occupants pour réduire volontairement les températures,
et une avec interruption complète du chauffage.
Pour ces deux dernières, les températures extérieures clémentes et le beau soleil de mi-mars n’ont pas permis de tirer beaucoup de conclusions.
Durant les expériences, nous avons mesuré la consommation de gaz heure par heure, les températures dans une 20aine de locaux et la satisfaction des occupants par un questionnaire en ligne.
Quels enseignements?
Une économie de 20 m3 de gaz par jour (± la consommation quotidienne de 5 ménages moyens !), sans modification sensible de la satisfaction ni des habitudes vestimentaires ! Cette économie est imputable principalement à l’arrêt du chauffage dans les espaces de circulation.
Intéressantes également sont les réponses aux questions ouvertes et les commentaires reçus : ils montrent une grande adhésion à l’idée de ne plus chauffer les espaces de passages, et une bonne réception globale de l’expérience.
Pour les deux autres volets par contre, les résultats sont moins probants :
pas de gradient thermique dans les ateliers... couper les radiateurs sur une façade mais pas l’autre n’a pas eu d’impact. Ceux restés ouverts ont visiblement compensé l'arrêt des autres.
pas d’adhésion aux appoints de chauffage. Ils ont été très peu utilisés, et lorsque c’était le cas, avec assez peu de satisfaction. Est-ce un blocage culturel ou un mauvais choix d’équipement ? C’est un point à creuser, car simultanément les occupants indiquent également une grande frustration à l’égard de leur manque de moyen d’action sur l’ambiance des locaux. Deux résultats paradoxaux.
En savoir plus ?
L’expérience a fait l’objet d’un rapport complet qui est disponible en ligne : http://hdl.handle.net/2078.1/262494
Remerciements
Cette expérience est réalisée avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et l’appui financier de l’ARES, dans le cadre de l’appel à projets « Développement Durable » 2022.Elle est également soutenue par le Plan Transition de l’UCLouvain, et les autorités de la faculté LOCI et de l’Institut LAB.
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