Un peu de méthode de recherche...
- SlowHeat
- 2 oct.
- 3 min de lecture

Ces 1 et 2 octobre, nous participions a un séminaire de co-construction de questions de recherche en lien avec la sobriété.
Cocorico : Slowheat a été plusieurs fois pris en exemple, en particulier lorsqu’il s’agit de discuter l’appropriation par tout un chacun des principes de sobriété. Un point particulier a retenu l’attention : passer par l’expérience collective au quotidien. En pratique pour des programmes de recherche : créer des espaces de sécurité dans lesquels des individus ou groupes peuvent inventer d’autres façons de faire, et accompagner ces espaces de connaissances et regards croisés, allant de l’ingénierie à la sociologie, en passant par la psychologie, les sciences politiques, économiques, …
L’approche expérientielle collective dans un quotidien « sécurisé » apparait prometteuse à plusieurs égards :
Elle permet de contourner, par la création de cet espace de sécurité, certaines des peurs liées à l’application de la sobriété « hors cadre » (déclassement, regard des autres, …) ;
Elle permet donc de rendre possible des inventions par les participants qui auraient été inhibées en dehors de ce cadre ;
Elle viserait donc aussi a priori, par la liberté d’action reconnue aux participants, à éviter la prédéfinition de « solutions » qui s’apparenteraient à des injonctions.
Évidemment, la construction même d’un tel cadre constitue un facteur d'influence dont l’observation devra tenir compte. Cette approche s’ajoute donc, sans les remplacer, aux pratiques de recherche plus classiques. Mais elle a l’avantage, lorsque l’on parle de sobriété, de combiner action et analyse, réduire l’écart entre science et société, et accélérer la diffusion de ces principes dans nos imaginaires. Parce que le temps presse.
Note pour les schtroumfs à lunette : évidemment, on ne fait ici que remettre en avant des principes déjà bien connus des partisans de la recherche-action. Mais il faut parfois remarteler les bases ;-)
Ces discussions sur l’expérimentation nous ont évidemment rappelé ce passage de la conclusion de notre livre, que nous avions titré « L’essayer, c’est l’adopter » :
Clôturons par une invitation : osez, essayez et discutez-en !
Dès le départ, SlowHeat s’est placé sous l’égide de l’expérimentation. Le fait de développer nos investigations dans un cadre explicitement expérimental nous a libéré.es des normes sociales et techniques et nous a permis d’explorer de nouvelles configurations (à tout le moins pour nous). Pour convaincre de nouvelles personnes de se lancer dans l’aventure, il nous est apparu important de maintenir ce caractère expérimental et de ne pas succomber à l’injonction (« chauffez à 15 °C ! »). D’autant que d’après nos observations, il n’existe pas une bonne température ou une unique manière de nous réchauffer, chacun.e s’approprie le slowheating selon ses capacités et sa configuration de logement. Le chauffage redevient une pratique, au sens fort du terme, ce qui comprend les multiples variations autour d’une activité bien identifiée – se chauffer.
En trois ans d’expérience, nous sommes allé.es bien plus loin que ce que nous avions imaginé. Outre le résultat concret, mesuré en degrés et kilowattheures, nous avons trouvé du sens à cette forme d’action. Outre encore l’exploration des dispositifs de chauffage locaux ou la redécouverte des vêtements chauds et adaptés, nous avons modifié nos perceptions, développé de nouveaux plaisirs autour du contraste chaud-froid. Nous sommes désormais en mesure de percevoir quand nous allons commencer à avoir froid et cette anticipation nous permet d’agir pour nous en protéger. Nous apprécions aussi avoir froid dans la mesure où nous y sommes habitué.es et surtout où nous savons que nous aurons chaud ensuite, puisque nous connaissons et avons accès à diverses manières de nous réchauffer. Ces contrastes nous éloignent du « confort moderne », mais ils nous rendent plus vivant∙es, plus alertes aux signaux de notre environnement.
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